le Père Noël n'existe pas
Rédigé par spirit Aucun commentaire
Il n’a jamais existé.
Pourtant, même dans le mi-temps de cette troisième décade de notre XXIᵉ siècle, les jeunes enfants n’ont pas cessé d’y croire, ils chérissent ce moment avec autant d’ardeur qu’au premier temps. Cette croyance s’est transmise de génération en génération, par des papas et des mamans qui eux-mêmes, à l’âge de la pureté et de l’innocence, ont cru spontanément à tous les possibles, prolongeant d’autant, à travers ce mythe, le lien d’affection et d’attachement à l’illusion consentie.
Quand cette croyance juvénile s’est par nature elle-même usée au fil du temps au contact de la réalité extérieure, elle ne disparut pas, mais se transforma en espoir. En fait, au pire moment vécu, à l’apogée de notre déception quand nous comprenons et réalisons que nous sommes le centre de toute chose à travers ce que nous percevons et vivons ; c’est face à la sidération de l’expérience qui nous traverse, que se révèle dans cet instant de silence éprouvé qui nous paraissait jusqu’alors être une prison psychique, la vérité immuable ayant seulement changé de forme.
Quel que soit notre âge, nous recherchons toujours la vérité parce que nous cherchons toujours à nous relier à la liberté profonde, cette liberté individuelle, intrinsèque, fruit des lois naturelles et fondamentales de la Vie. Le beau, le vrai, le juste, forment un ensemble absolu ; ils sont le critère dominant de la nature même de toute chose ; alors se fait jour une nouvelle approche du réel dans le but de notre accomplissement. C’est d’une véritable alchimie des émotions dont il s’agit dans un « non-agir », nous permettant le passage d’un monde matériel étroit, factice et insécurisant à un univers énergétique, corps d’un seul Vivant dont nous sommes les cellules de cet être, sans cesse évolutif, contenant la véritable nature des choses et disponible à l’action résiliente dictée par une conscience réveillée. C’est alors que tout se déroule dans ce champ de conscience de tous les possibles.
L’origine du Père Noël
Les fêtes de Noël existaient déjà bien avant la naissance de Jésus et sans doute depuis l'Antiquité. Les peuples de la terre célébraient, de diverses manières, le passage du solstice d’hiver, reflétant le triomphe final de la lumière sur les ténèbres. Il avait été décidé de célébrer Saint-Nicolas en même temps que la naissance du Christ.
Noël, pour les enfants, c'est le moment tant attendu du passage du Père Noël.
Inspiré du personnage de Saint-Nicolas, le père Noël n’a pas toujours eu cet aspect de bonhomme tout de rouge vêtu à la longue barbe blanche. Selon les pans de l’histoire, Nicolas de Myre, (270-343) alors évêque, passait la nuit du 5 au 6 décembre de maison en maison afin de laisser des cadeaux aux enfants sages. De son vivant, Nicolas de Myre fut le protecteur des enfants, des veuves et des gens faibles. Il fut bienveillant et généreux.
La légende d’un vieil homme à dos d’âne laissant des présents aux pieds des portes traverse alors les frontières et arrive en Amérique. Au fil du temps, les marchands se sont emparés à leur compte de ce personnage mythique en l’habillant de rouge et transportant une hotte remplie de cadeaux.
"La réalité, c'est ce qui continue d’exister lorsque l’on cesse d’y croire". Philip K Dick
C'était une veille de Noël, à l'heure où les enfants se couchent ce soir-là, c'est-à-dire un peu tard bien sûr.
Vu de son monde à lui, le petit garçon vivait au sein d'une famille sans souci, avec sa sœur plus jeune d'un an, dans la banlieue d'une petite ville de province.
Derrière la maison il y avait un joli parc spacieux avec principalement des grands arbres majestueux, tous différents, aux pieds desquels se mêlaient des buissons d’arbustes plus petits et partout de l'herbe verte et grasse formait un tapis moelleux où il était agréable de se rouler dans des jeux interminables. C’était un petit bois formant un espace merveilleux avec plein de niches végétales où l’on pouvait s’amuser sans être dérangé.
Il aimait ce petit bois, il y allait toujours après l’école, pour jouer seul, mais aussi avec sa sœur et souvent avec des copains venus du voisinage en traversant un bois plus grand encore jouxtant celui-ci. Ce petit groupe de copains se retrouvait pour jouer ensemble dans un bois ou dans l’autre.
Les nuits avec lesquelles il y avait du vent, les branches d'un grand chêne venaient parfois caresser à bruits feutrés la rambarde du balcon, là où se situait sa chambre, mais ce soir-là, l’ambiance était au calme et l’on sentait que dehors, il devait faire froid.
Il était très agité, sautant sur son lit, il faisait même des pirouettes, alors que d'habitude, il n'aimait pas le faire parce que ça lui tournait la tête. Il parlait tout haut et aussi tout bas, à lui-même, du cadeau qu’il espérait. Sa sœur dans une chambre voisine, lui répondant en écho, faisait la même pantomime.
C'est à elle qu’il criait sa joie, lui lançant à travers le couloir qui séparait leurs chambres, les souhaits de cadeaux qui les animaient. Il applaudissait à sa répartie pour à nouveau scander de nouvelles phrases et lui partager de plus belle sa joie en gesticulant dans tous les sens.
Les parents ne se manifestaient pas à propos de tout ce vacarme, ils devaient trouver ça normal.
Il avait une dizaine d’années et sa sœur, neuf ans, croyaient-ils encore vraiment au père Noël ? peut-être encore un peu, sans doute encore indécis, à un moment charnière de prendre définitivement ou pas la résolution de quitter ce rêve.
Pour autant, l'excitation liée à cet événement n'avait pas disparu, au contraire, elle était à son paroxysme. Tout était encore féerique, riche d'imaginaire. Une sensation de bonheur et de volupté les enveloppait.
L'innocence enfantine et magique des années antérieures avait sans doute donné place à un plaisir plus physique et émotionnel, mais exubérant et non contenu, traduisant par sa manifestation une envie imminente et irrésistible de recevoir des cadeaux en ce jour spécifique, et de surcroît des cadeaux bien précis, comme si l’on ne pouvait pas s'empêcher de croire à ce don du ciel.
Oui, c’est ça, le « père Noël » exaucerait nos souhaits et il recevrait, lui aussi, le cadeau demandé. Il avait tellement tourné tout ça dans sa tête, il en avait si souvent parlé à maman du seul cadeau qu’il souhaitait, et comme elle ne semblait pas contredire ses espérances, il ne pouvait qu’être rassuré.
Il ne restait plus qu'à dormir pour aller au bout de cette longue nuit et atteindre enfin ce lendemain matin tant attendu, le nouveau jour, les cadeaux, son cadeau. Mais ce n’est pas facile de dormir quand on est le jouet d'une telle excitation. Il est resté longtemps réveillé tant ses pensées étaient vagabondes, voyageant aux confins de ses envies, bien après que papa et maman se soient couchés et que sa sœur restée silencieuse un temps avait dû finir par s’endormir.
Son esprit était plein de sensations chimériques entrecoupées de moments où le sommeil le gagnait. C'est dans l'ivresse de ces instants qu’il avait, lui aussi, fini par sombrer profondément dans le sommeil jusqu'au matin.
La lumière du jour, éclatante et scintillante de mille feux, filtrant à travers les fentes des volets en bois de la pièce qui était sa chambre, le réveilla. Un oiseau gazouillait à l’extérieur près de la fenêtre, probablement perché sur la rambarde du balcon, son chant fourni et mélodieux enchantait l’enfant, il écoutait et sentait que son cœur dans sa poitrine battait à l’unisson. Cela présageait d'une belle journée. Rien d'autre ne se faisait entendre que cette musique douce à l’âme, tout était calme et silencieux, pas tout à fait comme d'habitude cependant. Même le chant de l'oiseau faisait partie de ce silence. Une ambiance feutrée avait enveloppé la terre durant la nuit, elle persistait encore jusqu’à s’étendre dans la chambre. Il avait neigé, oui, c'était cela, il en était sûr, il reconnaissait cette sensation, et ce sera merveilleux quand maman ouvrira les volets. Un souvenir lui revint en mémoire d’un matin d’hiver à son réveil. Il était perché dans les bras de sa maman qui lui montrait à travers la fenêtre de cette même pièce, le paysage situé au bout du jardin et la rue enneigée où passait le boulanger s’annonçant en soufflant dans une corne de brume. Sa carriole était tirée par un cheval à la robe rousse, il avait une allure imposante.
Le reste de la maison n'avait pas encore bougé, mais ça ne faisait rien, la pénombre de la pièce suffisait pour voir les contours des objets et se déplacer jusqu’à la cheminée. Les chaises autour de la grande table en bois, le grand miroir au-dessus de la cheminée, les tableaux accrochés dans la pièce… tout étaient reconnaissables. Du lit où il dormait, il se dirigea en silence vers la cheminée qui était de l’autre côté de la table de la salle à manger. Elle était toute petite et habituellement toujours fermée par un volet métallique, elle était là plus pour faire joli qu'autre chose, car on ne l'allumait jamais. Comme à l’accoutumée, les chaussures étaient disposées devant, il y avait dedans des bonbons enveloppés de papiers brillants et argentés, il y avait aussi une grosse orange dans chaque chaussure. Il y avait bien des cadeaux enrubannés dans de beaux papiers multicolores, mais du côté de ses chaussures, ce qui devait être son cadeau était bien trop petit pour contenir la guitare qu’il avait désirée avec tant d'ardeur. Il le vérifia et confirma son ressenti en tâtant le paquet. Le père Noël ne lui avait pas amené le cadeau tant espéré.
Dans la chambre de sa sœur, il y avait un piano contre le mur, depuis quelque temps, elle apprenait à en jouer, il aimait l’écouter et avait, lui aussi, envie de jouer d’un instrument de musique. Son choix s’était très vite porté sur la guitare et l’avait manifesté à maintes reprises auprès de sa maman.
Ce matin de Noël, dans le secret d’une pièce baignée d’une lumière blafarde, devant la cheminée, il resta là, sidéré, muet dans son fond intérieur, debout face à l’évidente désolation, figé dans un état de stupeur, sans aucun mouvement d'aucune sorte. Seul au centre d’un silence profond, dedans comme dehors, le vide se créait en lui-même. Sa déception était, dans cet instant, insondable, mais pourtant quelque chose de bienveillant s’opérait en lui dont il ne percevait pas encore la portée. Il commençait à ressentir une réalité toute autre, comme étant le résultat d’une mutation, un passage entre deux mondes, celui des croyances consensuelles à un monde plus relatif, appréhendé à travers des choix et points de vue où le réel ne peut être menacé.
Peu de temps après, il s’est mis à trembler et ressentit le froid de l'hiver l’envelopper. Rien n’avait changé à l’extérieur, mais il sentait qu’à l’intérieur, il n’était plus le même.
Il était temps maintenant de retourner se coucher pour s’endormir et se reposer.
